PRÉSENTATION
Le requin baleine est une espèce emblématique qu’on surnomme « l’ambassadeur des requins ». La baie de La Paz est un endroit mondialement connu pour plonger avec cet animal car il y est présent en grand nombre. Un tel potentiel touristique, et donc économique, doit être régulé pour protéger les requins. Via la recherche, la conservation et l’éducation, c’est le travail de Whale Shark Mexico.
LE PROJET EN DÉTAILS
Rencontre du projet
Après cette semaine hors du commun à Cabo Pulmo, nous voilà de retour à La Paz. C’est le moment de rencontrer le second projet que nous voulons illustrer dans notre documentaire : Whale Shark Mexico (WSM).
Ce projet est donc basé à La Paz et à sa tête nous retrouvons Deni Ramirez, une spécialiste mondialement reconnu pour son travail sur les requins baleines.
Nous la retrouvons donc dans les bureaux de l’ONG sur le malécon de La Paz. Le courant passe tout de suite, Deni est une personne passionnée avec un sourire communicatif et une énergie débordante.
Nous planifions différentes sorties les prochains jours pour voir les requins et faire des images, puis elle nous en dit plus sur Whale Shark Mexico (Tiburon Ballena Mexico) et leurs actions.
Whale Shark Mexico
Cela fait 17 ans que Deni et son ONG travaillent à la protection de cette espèce mythique. Cela s’accentue autour de trois piliers : recherche, conservation et éducation.
Ceux sont les mêmes piliers que la toute première ONG que nous avons rencontré au Mozambique : Marine Megafauna Foundation. C’est très intéressant de retrouver cette approche ici, pour la protection de la même espèce, comme une solution viable et réplicable.
La recherche est sûrement pour nous la partie la plus impressionnante. Comme Pelagios Kakunja, le but premier de Whale Shark Mexico est de collecter des données scientifiques sur les requins baleines présents dans la baie de la Paz. Pour cela, Deni et son équipe travaillent d’abord beaucoup à l’identification photographique des animaux qu’elles rencontrent. La disposition des taches blanches sur le dos des requins baleines est propre à chaque animal. Le but est donc à chaque rencontre de prendre une photo d’un côté du requin. Les photos sont ensuite mises sur une base de données scientifiques globale qui permet ainsi de suivre les mouvements et migrations. D’autres informations sont recueillies à chaque sortie comme le nombre de requins vu, les conditions extérieures, la présence de blessures sur les requins à cause des bateaux…Ceux sont des informations capitales pour la mise en place de mesures efficaces à la protection de l’espèce.
L’ONG sort quasiment tous les jours, c’est donc une vraie opportunité pour l’avancée de la connaissance sur ces animaux. En plus de l’identification et des relevés, Whale Shark Mexico s’occupe aussi d’effectuer des prélèvements de tissue sur les requins afin de faire des analyses ADN et de connaitre les niveaux de contaminants présents dans la peau des animaux.
Enfin Deni et son équipe font des analyses de comportements des animaux, lorsqu’il y a la présence de plusieurs requins, d’autres espèces, de touristes, de bateaux. Tous les paramètres sont là aussi notés.
Whale Shark Mexico partage tous ses résultats sur des bases de données communes qu’utilisent aussi d’autres associations ou chercheurs.
Tous ces résultats et études servent à la seconde partie de l’action de l’ONG : la conservation.
Il s’agit de la mise en place de mesures concrètes pour protéger l’espèce. Nous n’avons pas eu le temps d’en voir un exemple concret lorsque nous étions sur place mais Deni était à l’origine de plusieurs projets. Grâce à ses résultats, elle avait notamment mise en place avec le gouvernement une saison strictement définie pour l’activité touristique autour des requins.
La plongée et la nage avec les requins baleine est une activité qui peut rapporter beaucoup pour le secteur touristique. C’est une très bonne nouvelle car si une espèce représente un tel intérêt économique, il sera plus facile de la protéger. L’idée qu’un requin vivant vaut beaucoup plus qu’un requin mort ou pêché est ce qui, à mon avis, permet de protéger le mieux une espèce.
Cependant, sans règles strictes, le tourisme peut aussi contribuer à la disparition de l’espèce d’une zone. Trop d’activité blesserait ou ferait fuir les requins. C’est donc en se basant sur ses résultats que Deni a pu, en partenariat avec le gouvernement mexicain, mettre en place des règles strictes sur la pratique du tourisme autour des requins. Un nombre de touriste limité est autorisé chaque jour. Seules quelques embarcations certifiées peuvent accéder à la zone. Les plongées se font avec des guides spécialement formés. Et une patrouille veille, vérifiant les permis.
C’est aussi grâce au travail de Whale Shark Mexico que la saison touristique a été réduite à seulement 6 mois dans l’année. Cela évite de faire partir les individus de la zone et leur laisse le temps de grandir. Cela réduit aussi le trafic des bateaux et les risques de collision.
Enfin, chacune des sorties que fait l’ONG est sur le bateau d’un capitaine. Un ancien pêcheur de requin reconverti dans l’écotourisme.
Et c’est en partie grâce à l’éducation, le troisième champ d’action de WSM, que ce type de reconversions arrivent et que les consciences évoluent sur l’importance de protéger les espèces et l’environnement.
Le but de l’ONG est donc de diffuser un message clair au plus grand nombre. Pour cela les équipes organisent différentes activités avec les classes des écoles de La Paz. Cela va de la sortie avec les requins à des séminaires en passant par des collectes de déchets sur les plages. Les enfants comprennent ainsi très jeunes qu’ils disposent d’une ressource précieuse, et comment la protéger.
L’éducation se fait aussi sous forme de séminaires pour les adultes. Deni et son équipe emmènent le plus de professionnels du tourisme possibles avec eux sur différentes sorties. Cela contribue à donner encore plus de valeur à l’activité d’écotourisme, faite dans un cadre respectueux. Enfin, une des sources de revenus de l’ONG est aussi l’organisation de sorties touristiques. Les clients peuvent donc nager avec les requins tout en étant accompagnés d’experts qui leur permettent de mieux comprendre les enjeux et de les sensibiliser.
Les explications de Deni sont claires, il est maintenant temps d’aller voir les requins !
Départ en mer
Nous partons donc pour le port de La Paz en compagnie de Marisa, une scientifique faisant une thèse sur les requins baleines et membre de l’ONG. Même si nous sommes invités par Deni, il nous faut payer une taxe touristique. Cette taxe est en application dans tout les Mexique dès qu’une personne veut faire une activité liée à la faune marine. Elle sert justement à financer les différents programmes de protection et donne les moyens de contrôler les zones où se passent les activités.
On arrive sur le bateau où le capitaine nous attend. Je parle avec cet ancien pêcheur qui m’explique sa transition à l’écotourisme en attendant que Deni règle les derniers détails. Nous partons du port de La Paz.
J’avais déjà vu des requins baleine à Tofo au Mozambique. Il nous avait fallu plusieurs heures pour en trouver un, dans un endroit pourtant considéré comme très peuplé de requins. Je m’attends donc à une longue balade en bateau.
Situé à moins d’un kilomètre du port se trouve la plage du Mogote, en face de la Paz. Et l’endroit est simplement rempli de requin baleines, à seulement 10 minutes de navigation !
La zone est immense est on devine du bateau qu’il y a un très grand nombre de requins dans l’eau. Ils font entre 4 et 7 mètres, ce sont des juvéniles. Ils viennent se nourrir une partie de l’année sur cette zone très prolifique en plancton, leur nourriture principale.
Avec les requins
Le requin baleine est pour moi la meilleure espèce pour découvrir les requins. Ils sont totalement inoffensifs pour l’Homme. Nager avec eux ne demande aucune compétence à par celle de savoir à peu près nager. Aucun niveau de plongée n’est nécessaire car l’interaction se fait en snorkeling, à la surface. Ceux sont des animaux assez lents, il est donc facile de les observer. Et enfin, c’est un requin magnifique et impressionnant ! Les plus petits spécimens font déjà dans les 4 mètres. Leur dos est gris/bleu, recouvert de taches blanches. On pourrait passer des heures à regarder la lumière jouer dessus.
Nous passons la matinée à l’eau avec les requins. C’est la première fois pour Jérôme et il n’est pas très confiant !
Il y a énormément de requins baleines dans la baie de La Paz, c’est impressionnant. Dans l’eau, nous voyons des fois 3 individus au même endroit. Nous suivons Marisa qui fait différents relevés scientifiques. J’en profite pour faire de nombreuses vidéos pendant que Jérôme s’habitue à côtoyer ces géants des mers.
La journée est très productive en termes de photos et de vidéos et nous rentrons avant de cuire sous le soleil de la Basse Californie.
Il y a beaucoup de bateaux sur la zone. Je comprends encore plus l’importance du projet de Deni pour réguler le tourisme.
Suivi scientifique et surprise
Le lendemain, après avoir passé la matinée avec Deni pour voir les différentes recherches en cours, nous repartons en mer avec Marisa.
Elle va continuer les relevés d’informations. Des fois elle fait aussi des prélèvements de tissus pour analyser l’ADN et les contaminants présents dans les requins. Il y a aussi de l’identification par drone, comme nous avons vu à Cabo Pulmo.
Cette fois nous sommes accompagnés par David, un jeune volontaire au sein de l’ONG. Il veut devenir biologiste marin et profite de son temps libre pour aider et apprendre.
Nous suivons Marisa à l’eau. Il y a encore plus de requins que la veille ! Marisa nous donne plus de détail sur l’identification photographique. La robe de chaque requin baleine est unique. Même quand il grandit, l’agencement des points ne change pas. En prenant une photo du côté gauche du requin, derrière les branchies, cela permet de reconnaitre l’animal.
La baie de La Paz a beaucoup de requins et certains sont connus. Après avoir été identifiés, ils sont nommés. Nous avons justement pu suivre « Tequila » quelques minutes !
La surprise vient après la sortie. J’ai parlé un peu avec David et il est totalement passionné. Je lui demande si nous pouvons l’interviewer.
Il a tout juste 18 ans et son discours est impressionnant de maturité. Il a des idées claires sur l’état actuel des océans et comment participer à sa sauvegarde.
Son interview est passionnante et c’est un beau cadeau de fin pour notre rencontre avec Whale Shark Mexico.
L’écotourisme autour des espèces marines attire plus de 900 000 touristes et représente plus 500 millions de dollars chaque année dans le Sud de la Basse Californie.
Le travail des ONG comme Whale shark Mexico est primordial pour s’assurer que des régulations soient mises en place dans cette transition.