PRÉSENTATION

Je suis venu rencontrer Regina Domingo, guide chez Pelagic Safari. C’est une plateforme d’écotourisme proposant des sorties en mer à la journée au large de Cabo San Lucas. L’écotourisme est une pratique qui doit être durable. Cela passe par une la sensibilisation des participants à la protection des espèces observées, avec de règles strictes afin de minimiser l’impact sur l’écosystème au cours de la journée. Et surtout la collecte de différentes données qui seront mises à disposition d’ONG et de projets scientifiques dans le cadre de la science participative.

LE PROJET EN DÉTAILS

Arrivée à Cabo San Lucas

Nous nous dirigeons vers Cabo San Lucas, un des endroits les plus touristiques du Mexique. La ville n’a rien à voir avec ce que nous avons vu jusqu’ici en Basse Californie. C’est une agglomération énorme taillée pour le tourisme de masse, à la pointe Sud de la Basse Californie. 

Nous arrivons de nuit et nous voyons les successions d’hôtels et de supermarchés.

Trouver le logement est même difficile ! Après presque un mois passé entre les étendues sauvages et les pueblos, c’est un choc.

Après une courte nuit, nous partons pour la marina de Cabo San Lucas. A l’image de la ville, l’endroit ressemble à un centre commercial immense. Le tourisme est particulièrement développé dans cette zone de la Baja.

L’endroit est particulièrement prisé par les américains en vacances, mais aussi par les mexicains venant d’autres régions du pays.

Dans ce contexte économique florissant, j’ai vraiment hâte de voir le potentiel d’une activité d’écotourisme !

Rencontre de Regina Domingo à Pelagic Safari

Dans le centre commercial de la marina, nous trouvons le magasin Pelagic Safari. En entrant, nous tombons sur Regina en train d’expliquer la journée aux touristes déjà présents. Nous sommes en retard ! On s’intègre vite au groupe.

Je retrouve ici les principes fondamentaux de l’écotourisme : sensibilisation des participants, règles strictes pour avoir le moins d’impact et science participative.

Justement, nous sommes arrivés pendant le briefing. Regina explique au groupe le déroulé de la journée et les règles à respecter. Je vois que les principes de l’écotourisme sont pris au sérieux.

Après le briefing j’ai l’occasion de rencontrer enfin Regina, avec qui j’avais beaucoup échangé pour préparer le voyage. Elle est mondialement connue dans le milieu de la protection marine. Et c’est une vraie pile électrique ! J’ai hâte de passer du temps avec elle pour comprendre sa vision et ses actions.

Les participants à la journée se sont équipés en matériel de snorkeling au magasin Pelagic Safari, l’expédition commence.

Principe de la journée

Nous allons partir pour 7 à 8 heures en mer, au large de Cabo San Lucas, à bord d’un bateau rapide. L’idée est de voir et interagir, quand cela est possible et permis, avec les espèces marines iconiques qui se trouvent le long de la côte, des fois justes à la sortie du port !

Orques, baleines, requins, dauphins, raies, otaries ! la zone est remplie d’une vie marine exceptionnelle et ces espèces se côtoient ici suivant leurs migrations.

Sur le bateau et grâce aux connaissances de l’équipe, nous allons passer la journée entre différents points chauds pour avoir la chance de voir un maximum de vie marine.

Suivant les rencontres et le comportement de espèces observées, le groupe se mettra à l’eau pour profiter d’un moment magique.

Les interactions se font en snorkeling car les espèces observées s’y prêtent. C’est moins invasif que la plongée et cela permet aussi à plus de monde de participer, le prérequis étant simplement de savoir nager.

Ces expéditions se font à chaque fois avec un nombre limité de participants pour plusieurs raisons. L’impact sur l’environnement est moindre, les interactions avec les animaux plus respectueuses et intéressantes et les messages de sensibilisation passent mieux dans un petit groupe.

Car justement le but est de voir des espèces marines mais aussi de comprendre les problématiques autour de leur protection. Les personnes à bord sont sensibilisées à la beauté mais aussi à la fragilité de nos océans. Une telle expérience change souvent les gens.

L’activité aide aussi à la protection en collectant des données scientifiques qui serviront aux chercheurs et aux gouvernements à travailler à la mise en place de mesures concrètes de protection. Etant en mer quasiment tous les jours au contact des espèces, le bateau peut faire de nombreux relevés très précieux pour les études scientifiques. C’est ce qu’on appelle la science participative.

Bonne humeur

Nous serons une dizaine sur le bateau. Régina est guide et il y a aussi Abel, le capitaine local qui est un ancien pêcheur de requins reconverti à l’écotourisme. La protection des espèces passe par une restriction de la pêche mais il est impossible d’abandonner les communautés de pêcheurs. La reconversion est un moyen efficace. Tout repose sur le principe qu’un animal vivant vaut plus qu’un animal pêché.

En plus de Jérôme et moi, il y a 10 participants. Ce n’est rien comparé aux autres bateaux que nous allons croiser et cela permet de meilleures interactions. Il y a aussi bien des habitués que des personnes qui prennent part pour la première fois à ce type d’activités.

Sur le chemin Regina m’explique le développement de Pelagic Safari. L’activité fait partie du groupe Pelagic Life qui commence à développer les sorties à la journée. Leur cœur de métier était surtout les croisières plus longues et pour une clientèle plus entrainée de plongeurs.

Avec cette nouvelle activité à la journée, ils veulent offrir la possibilité de connaitre l’océan à plus de monde. Avec la vie marine présente en Basse Californie, c’est une bonne idée car les gens sont de plus en plus demandeurs.

Nous arrivons sur le bateau, tout le monde s’installe. Il s’agit d’une coque rigide d’une dizaine de mètres, spacieuse et avec une belle plage avant. Même si le bateau est très beau, il n’est pas fait pour faire bronzette et cela tombe bien, nous sommes venus pour aller à l’eau !

 Régina donne les dernière consignes et nous voilà partis. 

Départ et mauvaise surprise

Dès la sortie du port, ce concept d’écotourisme prend tout son sens. Cabo San Lucas est une ville très touristique. De nombreux bateaux sortent en mer pour amener les touristes côtoyer les merveilles marines présentes le long de la côte.

Nous voyons directement des mauvaises pratiques, avec plusieurs gros bateaux remplis de touristes, musique à fond qui cherchent les baleines à toute allure.

Le tourisme autour des espèces marines attire plus de 900 000 touristes et représente plus de 500 millions de dollars de revenus chaque année dans le Sud de la Basse Californie. C’est une manne financière énorme et cela peut encourager les mauvaises pratiques.

L’écotourisme fonctionne vraiment lorsque l’activité est faite autour des trois piliers du développement durable. Un impact environnemental positif grâce à la science participative et à la sensibilisation est primordial. Aussi, le pilier social est important. Par exemple, les guides de Pelagic Safari sont d’anciens pêcheurs reconvertis. Et enfin forcément, l’activité doit être économiquement viable.

Partout dans le monde, des chartes de bonnes pratiques existent pour encadrer au mieux ce type d’activité.

Je reviendrai là-dessus mais je pense que l’écotourisme est une solution majeure pour la protection des océans. Et c’est une activité qui peut changer votre perception du monde. Si vous avez l’occasion lors de vos voyages ou même dans votre ville si cela s’y prête, participez à ces activités ! Mais attention, il faut choisir un prestataire qui suit les règles basiques énoncées précédemment et les chartes responsables.

Nous dépassons vite cette mauvaise vision et quelques minutes après arrive le premier « cadeau » de la journée.

Une journée de fou

A quelques dizaines de mètres du bateau nous entendons un bruit énorme sur l’eau : une queue de baleine vient de frapper la surface !

C’est le début d’une journée riches en rencontres. Le bateau s’arrête, tout le monde scrute la surface. Régina a sorti son appareil photo avec un objectif spécial pour faire des photos. Cela fait parti du programme de science participative.

Les photos des queues des baleines permettent de les identifier car elles ont des signes distinctifs entre chaque individu. Elles seront ensuite envoyées à des bases de données scientifiques qui permettent d’analyser le nombre d’animaux présents et les migrations.

Pendant plusieurs minutes deux baleines claquent leurs queues proches du bateau. Régina en profite aussi pour mettre à l’eau un hydrophone. Elle enregistre ainsi le son que font les animaux sous l’eau. Cela aussi viendra compléter des études scientifiques.

C’est la première fois que je voyais des baleines d’aussi près.

Après cette belle rencontre, le bateau part à la recherche d’autres espèces avec lesquelles il est possible de se mettre à l’eau. Ce n’est malheureusement pas la période des requins mako que j’aurai adoré voir mais il y a quand même de belles choses sous l’eau !

En milieu de journée, nous croisons la route d’un banc de dauphins. Tout le monde se met à l’eau calmement. C’est magique d’être dans l’eau au large avec ces animaux !

Ils ne restent pas longtemps mais nous offre une autre possibilité. Une masse énorme passe à une dizaine de mètres de moi : une baleine à bosses !

La journée se poursuit ainsi avec à la recherche de la faune marine locale. Vers la fin, un banc de dauphins vient jouer à l’avant du bateau alors que nous prenions le chemin du retour.

La journée se termine sur un magnifique coucher de soleil au-dessus de Los Cabos.

L’importance de l’écotourisme

En plus de permettre de voir des espèces marines mythiques comme les baleines ou les requins, l’écotourisme est un vrai outil de protection qui donne une valeur économique importante à ces espèces.

C’est donc un moyen « facile » de participer à la protection des océans tout en passant un moment unique et inoubliable. Nager avec ces espèces est une vraie chance et cela changera votre vision de l’océan.

De toutes les activités auxquelles nous avons pu prendre part lors de notre voyage, c’était de loin la plus abordable. Il nous a suffit de contacter Pelagic Safari pour réserver deux places à bord.

Si vous avez l’occasion, je vous invite fortement à rejoindre ce type d’activité dès que vous en avez l’occasion.

Attention cependant à bien choisir pour ne pas tomber sur une arnaque. Le secteur rapporte énormément et la demande est grandissante. Certaines entreprises, qui n’ont d’écotourisme que le nom, vous proposerons des sorties ou expériences hors de prix qui n’aident en rien et on en plus un impact négatif !

Pour bien choisir il faut faire attention à quelques critères : le prestataire suit-il une charte ? Utilise t’il vraiment les sorties pour faire de la science participative ? Est-il associé à un vrai projet scientifique ? Suivant où vous êtes, est-ce que l’entreprise emploie des locaux ? Le nombre de personnes est-il limité ? Et enfin, est-ce que les animaux sont bien traités ?

Il peut être dur de choisir. Lorsque j’ai préparé l’expédition, j’ai contacté certains projets qui étaient du vent. Par exemple venir une semaine compter les tortues pour un prix excessif, sans que les données soient ensuite fournies à des projets.

Si vous avez envie de faire ce genre d’activité mais que vous avez des doutes, regardez les critères précédents, et si vous êtes perdus n’hésitez pas à me contacter !

Une sortie d’écotourisme c’est aussi la possibilité d’échanger avec des personnes exceptionnelles, comme Regina.

Et la bonne surprise c’est qu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’autre bout du monde !

De retour à Marseille j’ai rencontré Steven Surina, le fondateur de Shark Education. Il propose des sorties à la journée dans les règles pour voir des requins au large.

Ce type d’expérience existent dans de nombreux endroits, il suffit de chercher !

GALERIE