PRÉSENTATION
Le premier projet avec qui nous avions rendez-vous était l’ONG Pelagios Kakunja. Il s’agit d’une des plus grosses organisations mexicaines de recherche sur les requins et grand pélagiques. C’est aussi la seule à travailler avec des requins vivants. Leur travail consiste à effectuer des relevés scientifiques divers sur plusieurs zones sensibles au Mexique. Les données collectées servent à la mise en place d’aires marines protégées permettant la protection des espèces. Ils ont par exemple pris part à celle de Revillagijero, la plus grande aire marine protégée d’Amérique du Nord !
LE PROJET EN DÉTAILS
Cabo Pulmo
Lors de nos conversations Skype pour la préparation de notre expédition, Mauricio Hoyos et James Ketchum, les fondateurs de l’ONG, nous avaient proposé de les accompagner sur un de leur projet phare : la réserve de Cabo Pulmo.
Cabo Pulmo est simplement un paradis de la biodiversité, et un paradis tout court. Une zone perdue au sud de la Basse Californie, coincée entre la mer de Cortez et la Sierra de la Laguna, et peuplée de cactus et de plages interminables. Aujourd’hui réserve protégée par le gouvernement, il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a vingt ans, le village de Cabo Pulmo était une communauté de pêcheurs de requins. Face à la baisse massive et régulière des captures due à la disparition progressive des requins de la zone, surpêchés, le village a vu ses revenues suivre la même trajectoire. Plutôt que de rester sans rien faire, ils ont décidé de fermer certaines zones à la pêche. D’abord de manière autonome, le village a continué sa transformation en approchant le gouvernement Mexicain pour déclarer la zone réserve naturelle. Aujourd’hui protégée et strictement règlementée, la zone est un paradis pour les requins qui sont, en seulement 20 ans, déjà revenus en nombre. C’est aussi un haut lieu de l’écotourisme et un des rares endroits au monde où il est possible de plonger avec les requins bouledogues sans cage et surtout sans appât. Cette particularité a fait le succès du village, maintenant complétement dédié à l’écotourisme, de manière totalement contrôlée. Les familles y habitant ont changé leur activité et sont propriétaires et gestionnaires des clubs de plongées et bungalows, sans volonté de s’étendre et de perdre le caractère authentique de leur lieu de vie. En plus des locaux, le gouvernement veille. Nous avons dû demander de nombreuses autorisations et signatures pour avoir le droit d’accompagner Pelagios Kakunja en plongée et filmer leurs différentes activités.
Le lendemain matin de notre arrivée après une courte nuit à La Paz, nous voilà parti pour 5 jours à Cabo Pulmo !
James est venu nous récupérer en compagnie de Ana, une jeune biologiste marine colombienne en train de faire son master avec Pelagios.
Pendant les 3 heures de route, au milieu de paysages magnifiques désertiques et d’une mer de cactus, nous en avons appris plus sur les actions de l’ONG et surtout le programme qui nous attendait sur place. Verdict : on n’était pas là pour bronzer sur la plage ! Les 3 premiers jours allaient être totalement dédiés à la plongée au milieu des requins pour se rendre compte et filmer les différents types de relevés scientifiques sur la zone. Les deux suivants allaient se répartir entre suivre les différentes personnes effectuant les relevés scientifiques depuis la terre pendant la journée et partir à la « pêche au requin » la nuit afin de marquer certains spécimens. Et quand on aurait le temps entre tout ça, interviewer les différentes personnes sur site afin de bien comprendre le travail de l’ONG.
Le trajet jusqu’à Cabo Pulmo est une entrée en matière parfaite à notre mois en Basse Californie. Un enchainement de petites routes au milieu des cactus et traversant des villages typiques.
Arrivée sur place
A peine arrivés en début d’après-midi nous rencontrons Carmen, une biologiste marine travaillant pour Pelagios et en charge de la logistique sur site à Cabo Pulmo. En effet chaque week-end une équipe de l’association est sur place pour faire les différents relevés scientifiques qui permettent la sauvegarde des espèces sur le long terme. Et c’est toute une organisation, entre trouver les endroits où dormir grâce aux contacts avec les différentes familles de pêcheurs, planifier les relevés et les plongées et faire en sorte que chaque chercheur sur place puisse se concentrer au mieux à sa mission.
On nous l’avait dit, on n’était pas là pour chômer. A peine les affaires déposées, en route pour la plage où un bateau nous attendait pour la première sortie plongée. On va voir les requins ! Sur le chemin je pose plusieurs questions à Carmen sur son travail mais aussi, stéréotypes obligent, sur la sécurité de plongée avec cette espèce de requins tristement connue des médias, les requins bouledogues. Elle me rassure tout de suite en me disant que la plongée s’est développée ici depuis 20 ans et qu’il n’y a jamais eu de problème. Cabo Pulmo est effectivement une destination mondialement connue car c’est le seul endroit au monde où il est possible de plonger avec les requins bouledogues sans les attirer au préalable par de la nourriture. La zone est justement une aire marine protégée où toutes les activités sont très réglementées. Un nombre restreint de plongeurs par jour et une durée maximale de plongée sont en place, avec un organisme gouvernemental qui gère. Justement, nous avons dû remplir pas mal de paperasse pour avoir le droit de venir filmer dans le parc et d’accompagner Pelagios. Justement, les règles sont très strictes car la protection des espèces est la priorité, avant les activités touristiques. Justement, premier problème. J’ai un certain niveau d’apnée et c’est comme ça que je comptais suivre James et Carmen en apnée pour les photos et vidéos sous-marines. Cependant cette activité n’est pas tolérée dans le parc, là encore la volonté de protection et d’éviter un gros afflux touristique prime. J’ai donc beau me défendre en apnée, il me faudra enfiler mon équipement de plongée et compter sur mon expérience très restreinte pour que cela se passe au mieux. Avec ça plus la perspective de se retrouver dans une eau remplie de requins, malgré l’impatience, le stress monte d’un cran. Mais bon James et Carmen semblent vraiment savoir ce qu’ils font et je n’avais pas fait tout ce chemin pour ne pas aller à l’eau !
Départ en bateau
On arrive au bateau où nous attend Alex, un ancien pêcheur maintenant reconverti à l’écotourisme et aussi le contact officiel de Pelagios. C’est lui qui amène avec son bateau les équipes plonger ou tagguer les requins.
Aussi sur le bateau nous attend une personne avec le sourire s’étirant d’une oreille à l’autre. C’est Alfredo, un vieil ami de James, qui viendra aussi plonger avec nous pour faire des images sous-marines, comme moi. Petite différence, Alfredo est caméraman sous-marin professionnel. Il est surtout extrêmement bon et il a participé au tournage de Blue Planet II, la série au succès mondial de la BBC. Il nous montre son matériel, on ne joue effectivement pas dans la même cour !
Donc accompagné d’une équipe de professionnels reconnus, à peine remis du voyage et avec un niveau de plongée très relatif, je m’apprête à plonger au milieu des requins…Jérôme peut en témoigner, je faisais une tête bizarre en me mettant la bouteille sur le dos ! Lui ne plonge pas. Il gère les interviews et l’ensemble des prises de vues mais les images sous-marines, c’est moi. Il me passe donc l’appareil avec un petit « ça va mec ? » sûrement inquiété par ma tête.
Plongée avec les requins
Mais bon là encore, je n’étais pas venu pour reculer au dernier moment, sur le point de réaliser un rêve d’enfant : c’est parti.
Nous avons plongé deux fois cette première journée. La première plongée nous a servi à aller voir un récepteur placé au fond de l’eau. Cet équipement sert à enregistrer tous les requins marqués qui passent à proximité. Cela permet de définir avec précision les zones à protéger et à comprendre les habitudes des animaux. Nous avons ensuite quadrillé la zone à la recherche des squales. La visibilité est mauvaise mais l’excitation est là. Je m’attends à chaque seconde à voir enfin apparaitre dans mon champ de vision cet animal mythique. Mais ça ne sera pas pour cette fois. Cette plongée sert aussi à me montrer que je n’avais effectivement pas le même niveau de plongée que le reste de l’équipe. J’ai fini assez vite sur le détendeur de secours de Carmen qui allait devenir ma « sauveuse » pour le reste des plongées !
La deuxième plongée allait se dérouler sur une épave à 20 mètres de profondeur. Nous descendons tranquillement, la visibilité est vraiment mauvaise, plus ou moins 5 mètres. Pendant 30 minutes nous parcourons l’épave et je suis tranquillement James et Carmen. Alfredo, qui est avec sa compagne Liisa, sont plus loin et tentent de faire des images malgré la faible visibilité. Images qui seront quand même magnifiques et qu’Alfredo nous donnera après. Des images dignes de la BBC dans notre documentaire, un cadeau en or ! Nous alternons entre exploration et attente à un endroit dans l’espoir de croiser un ou des requins. Je m’étais enfin réhabitué au matériel de plongée mais mon air descendait toujours aussi vite. Au moment où j’allais demander à Carmen de me « secourir » de nouveau (ça allait être une habitude) James, qui était devant nous, se retourne vers nous et nous fait un signe clair. En me retournant, je les vois. Deux requins bouledogues d’environ 2 mètres nous suivaient tranquillement. D’abord comme des ombres, leurs silhouettes se dessinent alors qu’ils continuent à avancer. Ceux sont des animaux d’une beauté impressionnante et la façon de se mouvoir dans l’eau ne laisse aucun doute sur leur présence en haut de la chaine alimentaire. Je suis figé par la beauté du spectacle. Pas de peur, la façon de penser sous l’eau doit être différente, mais une fascination et la réalisation qu’un rêve se réalise. Arrivés à quelques mètres de nous, chacun des squales part tranquillement dans une direction pour nous éviter. Nous les reverrons deux fois pendant la plongée.
A peine rentrés et pas du tout remis de cette première rencontre avec les requins (qui allaient être suivie de beaucoup d’autres, nous avons eu une chance incroyable), nous attaquons les interviews. Nous n’avons pas beaucoup de temps sur place et nous devons comprendre et retranscrire rapidement les enjeux pour le documentaire.
Pelagios Kakunja
James nous explique les différentes missions de Pelagios Kakunja au Mexique et les différents projets. L’association travaille sur plusieurs lieux clef à la sauvegarde des requins tels que Guadalupe Island, Cabo Pulmo, Revillagigero, La Paz ou encore le yucatan. La mission principale est de collecter des données sur la présence des requins, leurs routes migratoires et d’autres informations qui vont permettre au gouvernement mexicain de mettre en place des sanctuaires ou des aires marines protégées qui protégerons les espèces de la pêche.
Mais Pelagios travaille aussi sur d’autres aspects de la conservation. Carmen nous explique justement qu’ils viennent de finir une étude économique sur les bénéfices générés par la présence des requins à Cabo Pulmo. Le village est devenu un spot de plongée mondialement connu. Chaque année le tourisme rapporte plusieurs millions de dollars à l’ancienne communauté de pêcheurs. L’idée est donc de démontrer que la protection des espèces a certes un rôle primordial dans la sauvegarde des écosystèmes, mais aussi qu’elle représente un potentiel économique certain.
Cette première journée magique se finit par un coucher de soleil magnifique comme on en voit qu’en Basse Californie, et d’un dîner avec toute l’équipe sur la terrasse du bungalow où nous logeons tous en mode camping. En plus des personnes déjà présentes, d’autres chercheurs nous ont rejoint. Katy, une étudiante en thèse anglaise qui s’occupe de relevés scientifiques depuis la terre grâce à un drone, et Abel, chercheur chez Pelagios en charge du marquage des requins. C’est aussi ça qui fait la spécificité de The Blue Quest. On passe du temps et de moment de vie avec chaque projet et chaque personne pour mieux comprendre et donner la meilleure image possible de leur travail.
Suivi sous-marin
Il nous reste encore quelques plongées prévues sur les prochains jours. Le lendemain, le réveil se fait avec un petit déjeuner typiquement mexicain, du mole. Carmen me propose de choisir moi-même la dose de jalapenos (petit piment mexicain très fort) à mettre dedans car nous sommes les moins habitués. Je me dis naïvement qu’un seul suffira. Je ne savais pas qu’un piment complet était déjà une grosse dose. Je commence donc les plongées avec les larmes aux yeux et la bouche en feu !
Toutes les plongées que nous faisons sont magiques. L’eau est devenue très claire. Les requins sont présents, à tel point qu’on en voit quelques fois 5 en même temps. La technique de plongée est claire. Il faut descendre le plus rapidement possible et y rester. L’observation est assez statique, par groupe de deux ou trois plongeurs mais jamais seul. En effet chaque plongeur est chargé de regarder dans une direction pour éviter de se faire surprendre par un requin arrivant de dos. Cela évite des contacts un peu trop poussés dont personne n’a envie ! Au cours des plongés, nous prenons des notes sur les requins présents, leur sexe, les interactions entre eux et avec nous. Toutes ses informations vont compléter les bases de données de Pelagios.
Carmen reste mon ange gardien et je finis quasiment toutes les plongées sur son second détendeur. Mon niveau s’améliore vite mais nous restons des fois très longtemps sous l’eau. A tel point que malgré la profondeur, il faut faire des paliers de décompression. Une des fois les plus marquantes était dans une eau limpide. Nous étions sur un palier à 3m. En dessous de nous on pouvait voir les requins bouledogues massifs, certains de plus de deux mètres, évoluer au fond. Cette vision magnifique a été un peu gâchée par l’ordinateur de plongée de Carmen qui nous annoncé qu’il ne nous restait plus assez d’air pour faire le palier correctement ! Un petit coup de stress mais je plongeais avec des professionnels et tout s’est réglé très vite.
J’accompagne aussi James changer un récepteur. En effet l’association a quadrillé la zone de plusieurs boitiers qui servent à enregistrer les populations de requins. A chaque fois qu’un requin marqué passe près d’un récepteur, celui-ci enregistre la date, l’heure, le spécimen et plusieurs autres informations primordiales pour analyser les mouvements des requins. Pelagios a mis en place des récepteurs sur tous leurs lieux de travail. Cela permet de se rendre compte des migrations des requins et ainsi mettre en place des aires marines protégées très efficaces. Cela fonctionne donc avec les requins déjà marqués d’une balise GPS. Justement nous accompagnerons Abel plus tard pour voir comment cela se fait.
Bébés tortues
Le soir une énorme surprise nous attend, une autre ! Une responsable du parc veut montrer à Pelagios et à nous une nouveauté mise en place : un sanctuaire de bébé tortues.
Nous partons donc en 4×4 sur une piste de terre au coucher de soleil. Les environs de Cabo Pulmo sont simplement magnifiques. Nous arrivons sur une plage de plusieurs kilomètres de long. La partie Nord fait encore partie du par cet c’est là que se trouve le sanctuaire. Sur la partie sud, à la limite du parc, se trouve une communauté de pêcheur de requins. De nombreuses personnes vivent encore de ce travail difficile. C’est leur unique source de revenu. Cabo Pulmo en devient pour nous un exemple encore plus criant de transition à l’éco-tourisme réussie.
Nous arrivons donc au sanctuaire où la responsable nous explique qu’ils récupèrent des œufs de tortues pour les enfouir dans une zone protégée. A intervalles réguliers, ils viennent déterrer les œufs éclos pour faire partir les bébés tortus à la mer. Nous passons donc la soirée sous les étoiles à déposer les bébés près de l’eau et à les aider à y arriver grâce à la lumière des lampes. Cette étape se passe normalement de jour à l’état sauvage mais le fait de faire cela de nuit évite la prédation des oiseaux diurnes. C’est une expérience hors du commun.
Nous avons commencé par le plus impressionnant pour nous avec les plongées mais les relevés scientifiques faits par Pelagios sont multiples sur la zone. Nous avons passé deux jours à suivre Ana et Katy qui s’occupent des relevés terrestres. Cabo Pulmo est entouré de longues plages mais aussi de collines d’où il est possible d’observer les populations de requins. Ces observations contribuent à la collecte de résultats pour la connaissance des espèces et la mise en place des aires de protection, mais aussi à la rédaction des travaux scientifiques des différentes personnes travaillant à Pelagios. L’ONG est en effet principalement composée de chercheurs faisant leur PhD sur les requins. Ana est donc venue de Colombie pour ses recherches sur les requins citron et la nurserie de Cabo Pulmo. Katy quant à elle vient d’Angleterre et fait ses recherches sur les requins à pointe noire. Avec un drone, elle quadrille une zone définie pour faire des relevées de populations. L’eau près du bord est transparente et chaque requin se voit très bien. Ceux sont donc les relevés terrestres qui servent d’un côté à illustrer les thèses des étudiants sur divers sujets mais aussi à remplir les bases de données de Pelagios. Un système gagnant-gagnant au profit de la sauvegarde des espèces. C’est particulièrement passionnant de passer tout ce temps à échanger sur des sujets complexes avec les personnes qui sont vraiment au cœur du sujet.
Marquage de requin
Deux jours très intenses car le soir, je partais en bateau avec Alex et une partie de l’équipe de Pelagios pour une autre de activités : le marquage des requins.
J’étais comme un gamin. Ce n’était plus de la plongée avec les requins mais un travail scientifique auquel il est rare d’avoir la chance d’assister. L’expédition consiste à partir à la tombée de la nuit sur une petite embarcation pour sortir des limites de la réserve et « pêcher » des requins. Une fois le requin ramené le long du bateau, il est mis en immobilité tonique (lorsque le requin est retourné, il est comme endormi). Abel et l’équipe peuvent alors prendre différentes données comme le sexe, la taille ou encore l’espèce de requin. Une fois les mesures extérieures prises, une prise de sang et de tissu est effectuée pour ensuite faire différents test ADN ou de contamination. En effet les requins peuvent avoir beaucoup de contaminants à cause de la pollution des écosystèmes. Là encore, toutes les informations recueillies permettent d’établir au mieux les zones et espèces à protéger en priorité. Enfin, le ventre du requin est incisé afin d’y apposer une balise GPS. Une fois recousu, le requin sera donc suivi à la trace et ses déplacements seront connus à chaque fois qu’il passera à côté d’une des balises de Pelagios Kakunja, disséminées sur les différents sites de recherche. Cela permet de connaitre les déplacements et habitudes sur la zone, mais aussi et surtout les migrations entre les différentes zones de la mer de Cortez et du Pacifique mexicain.
On part donc en bateau le soir à la recherche des requins, prêts à passer la nuit en mer. C’est le même bateau que pour les plongées, une embarcation de 6m de long pilotée par Alex. C’est en amenant les équipes de Pelagios Kakunja plonger et marquer les requins que cet ancien pêcheur local, converti à l’écotourisme, aide l’ONG. Nous partons donc à plusieurs miles des côtes pour sortir de la zone de la réserve où toute activité extractive est interdite. Le trajet est magnifique. Sans aucune pollution lumineuse, c’est le plus beau ciel étoilé que je n’ai jamais vu. Aussi, les plactons remués par le passage du bateau deviennent fluorescent. Un long sillon lumineux suit donc le bateau, c’est irréel. Une fois sortis des limites, nous mettons les appâts et les lignes. Alex vient d’une famille de pêcheurs de requins depuis plusieurs générations, il sait comment faire. L’après-midi nous étions sorti avec lui afin de pêcher les appâts et il avait capturé un marlin de plus de 2 mètres. Un des meilleurs appâts possibles. Nous nous installons tranquillement pour attendre. Je parle beaucoup avec Abel sur son travail à Pelagios Kakunja. C’est encore une fois un privilège de pouvoir assister à ces recherches sur le terrain, entouré de personnes passionnantes. Le reste de l’équipe dort. Le bateau est petit, c’est compliqué de trouver une place pour dormir. En plus, les vagues et le vent se sont levés. La nuit est donc très courte.
Fin d’une semaine inoubliable
Au petit matin, nous sommes bredouilles. Malgré un appât de qualité, aucun requin ne s’est approché. Il faut dire que les populations ont largement diminuées à cause de la pêche et de la pollution. Je n’aurai donc pas la chance de voir de mes yeux le marquage d’un requin. Mais l’expérience et le temps passé dans ce cadre avec l’équipe est un vrai cadeau. En plus, Abel a des vidéos à nous donner sur le sujet pour le documentaire.
De retour à terre à Cabo Pulmo après une nuit blanche, il est temps de repartir pour La Paz. Juste avant le départ, je m’arrange pour obtenir l’interview d’Alex. Il n’a pas dormi lui non plus mais je tiens absolument à avoir le point de vue d’un ancien pêcheur sur la transition du village à l’écotourisme.
Car Pelagios Kakunja l’a bien compris. La sauvegarde des ressources naturelles et des écosystèmes passe aussi bien par la recherche scientifique que part l’implication des populations locales dans la transition et la mise en place des mesures nécessaires.